mardi 20 mars 2007

Un gars, une fille

Pris dans Crimes et chatouillements d'Hélène Monette

« La chanson de Serge Lama a été écrite par une fille. Lama l'a endisquée par erreur parce que l'erreur est humaine.
Un gars qui a mal à la tête doit subir dans les plus brefs délais une série de tests de dépistage au moyen d'encéphalogrammes complets. Une fille qui a mal au coeur devrait se poser des questions sur son taux élevé de psychosomatisme chronique. Un gars qui boit, boit. Une fille qui boit, s'enfarge. Un gars malade est souffrant. Une fille malade est une fille.
Le premier jour, Dieu créa l'homme. Le deuxième jour, la fille. Le troisième jour, Dieu créa l'hôpital. Le quatrième jour, l'ambulance. Le cinquième jour, le gars conduisait l'ambulance.
Un gars qui dort récupère. Un ange passe à travers des nuées de confettis jolis. Une fille ne dort pas. Une fille a les yeux rouges et le reste du temps elle se maquille.
Une fille triste est psychopathe ou tout au moins alcoolique et paranoïaque. Un gars a du chagrin, il en a gros sur le coeur. Le ruisseau de ses larmes conduit à la mer de ses naufrages. C'est de toute beauté tellement c'est maritime, mais c'est bien triste.
Un gars consolé vaut mieux qu'un gars qui pleure. Une fille qui pleure va voir ailleurs.
Derrière chaque femme, il y a une clinique, un Jean Coutu rempli d'antibiotiques, un médecin d'âge mûr qui ne sourit plus beaucoup, une vie parsemée de champignons, d'ostéoporose, de dépressions, d'otites, coliques et oreillons. Devant chaque femme, il y a un monde rempli de mauvaises nouvelles, de maladies nouvelles et d'hommes nouveaux.
Le sixième jour, l'ambulance brûlait les feux rouges.
Un gars parle, une fille fabule. Un gars s'exprime, une fille rush. Un gars discute, une fille se tait.
Un gars prend la porte. Un fille prend froid. Un gars expose les circonstances particulières d'événements fâcheux. Une fille chiâle.
Une fille qui chiâle ne devrait pas faire ça. Ce n'est pas joli. Un gars qui se plaint est un brave type au fond, COME ON.
Une fille est un gars et un gars est une fille, ça dépend des fois.
Une fille compte ses jours, un gars compte sur une fille. Un gars a des aventures, une fille trompe son chum. Le petit ami pique une colère, la fille appelle sa mère, mange du chocolat et exagère.
Un gars qui trouve une fille tordue est un homme éclairé qui use de discernement dans les choses de la vie, un apôtre de l'amour infini qui bat des mains quand on l'aime. Qui bat. Qui bat?
Un gars pense en utilisant son cerveau droit et son cerveau gauche à pleine capacité toute la journée. Une fille divague, invente, s'imagine des choses la plupart du temps. Une fille donne trop d'explications mais n'est pas bonne dans les éclaircisements. Une fille trébuche dans le noir. Une fille est folle à lier lorsqu'elle parle démesurément de ce qu'elle veut vraiment.
Un gars ne se gêne pas pour se montrer intelligent, il sait quoi dire et quand. Une fille est décontenancée. Point.
Derrière chaque grand homme, il y a une petite femme, boulotte ou anorexique, qui ne réussit pas dans la vie. Dedans chaque homme, il y a au fond, bien au fond, très profond, une femme, qui n'est ni la sienne ni l'obsédante fille aux collants noirs baisée un soir. Dedans chaque homme, il y a une femme qui n'est pas là quand on l'appelle, parce qu'il y a peu d'appelées et pas d'élues.
Un gars qui n'aime pas qu'on parle des gars est un gars. Un gars qui parle des filles est un vrai gars. Une fille qui est en forme fonctionne. Une fille qui fonctionne, c'est l'fun. Une fille le fun parle beaucoup aux gars. Un gars s'en aperçoit et n'aime pas que la fille soit partout à la fois, car Dieu s'est fait homme et Marie-Madeleine a été créée pour pleurer et laver les pieds.
Un gars compliqué est un gars qui n'a pas encore compris qu'il n'a pas à s'en faire. Une fille compliquée est une fille normalement constituée. Une fille normale est une fille plate, par définition. Mais une fille normalement constituée peut toujours s'essayer. Rien de l'y empêche...
Un gars aime une fille, une fille aime un gars, ça dépend des mois.
Dedans chaque femme, il y a des visions, des racontars, des fabulations. Des histoires. Un long cortège d'ambulances, des sorcières en cendre et de l'amour. De l'amour, pourtant. De l'amour brûlant. »

***

Ouais, et à tout cela, peut-être que je rajouterais ceci : « Un gars philosophe et réfléchit sur le sort du monde. Il se pose des questions existencielles et importantes. Une fille fantasme sur un gars et pense à ses problèmes de couple. »

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Allo Elise...

Bien peut-être je ne sais pas...

Moi je suis plus du genre à penser que chaque personne est différente... Plutôt que de voir cela dans l'opposition gars/fille...

Il y a tellement de types d'hommes et de femmes... Chaque personne est unique...

Mais ici c'est un point de vue féminin...

C'est sûr que si tu cites ce texte c'est qu'il te touche...

Elise a dit...

euh... ben euh justement, c'est que le texte tente de déconstruire le stéréotype en l'étalant, un peu comme une ironie

Anonyme a dit...

http://www.revue-analyses.org/document.php?id=242&format=print

Bon et il faudrait lire au complet...pour se faire une idée...

Et puis si l'humanité disons valorisait moins certaines valeurs associées traditionnellement au féminin ?

Des qualités que des hommes peuvent posséder aussi...

Oui je déborde et je pense à une chanson de Raoûl Duguay Famom ( Femme-homme)...

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Tiens je viens de lire ta réponse aussi...

Juste pour te dire que je t'aime bien...

Je t'envoie ce commentaire là aussi pareil... Dommage que je n'ai pas lu le texte au complet...

Je ne lis pas autant que toi...

Anonyme a dit...

C'est de la foutaise, ces textes. Moi, j'ai été habitué à "une fille qui a de la peine vit des moments difficiles. Un gars qui a de la peine est immature et devrait se prendre en main." Et ainsi de suite.

Tout est une question de perspective et de milieu.

Elise a dit...

ouais mais ça reste basé sur un stéréotype, c'est le concept.
c'est donc pas de la foutaise, c'est simplement que les stéréotypes, ça peut être paradoxal mais tout de même aller vers un sens commun...

Anonyme a dit...

De la foutaise à la limite, tout est de la foutaise. Faut que tu deal avec.

J'aime bien le texte au fait, dans toute sa foutaise et sa vérité. C'est bien écrit et appréciable.