mardi 4 décembre 2007

L'inspiration

Dans l'un des derniers épisodes de Fait ça court! à Télé-Québec, il y avait ce court-métrage qui était d'ailleurs très bon et qui est une sorte de réflection ou de conte moderne sur la création et l'inspiration artistique.

C'est en tombant sur un fragment de L'argent de Christophe Tarkos («L'argent sauve tes enfants sauve ta femme sauve ta famille sauve tes amis sauve ton nom sauve ton honneur sauve ta peau sauve ta santé sauve ton être dans ta peau sauve ta création sauve ton village sauve tes parents sauve ta sœur sauve ton frère sauve ta liberté de mouvement sauve ton droit de fumer de boire de manger sauve tes pantalons sauve tes voitures sauve ta parole sauve tes sacrifices sauve ton corps de tous les sacrifices l'argent est le don sublime.») lors de mon dernier cours que je me suis mise à écrire moi-même quelques trucs, ou fragments si vous préférez. Possiblement que ce sera les premiers filons d'un futur récit, qui sait.


J'ajoute donc ici quelques uns d'entre eux :

«Cette attitude très capitaliste inavouée à la "wannabe plateau" est justement tellement fortement ancrée dedans, tellement à la fine pointe de l'avant-garde urbaine qu'elle va lui préférer son futur proche, ______ la mal-aimée, avant les autres.»

«Le reflet de ton corps dans le mien qui ne le reflète pas du tout, la bancalité de cette ressemblance qui t'obsède (étonnement), la perte que ça génère dans ton temps et ton énergie quand, finalement, le problème ne s'y trouve pas. Fouiller la chair, c'est de notre temps, à cause de l'évacuation de l'existence de l'âme, réaction au religieux, à cause de la rationalité. C'est la seule valeur sûre et tangible, et organique, et donc incertaine et pourrissable. Mais rien ne s'y trouve. L'obsession des femmes à propos du vieillissement du corps s'explique en partie par le fait que c'est un point aveugle si facilement mis de l'avant lorsqu'on ne peut ou ne veut s'interroger sur sa pourriture interne, sa pourriture personnelle dans le sens de défaut de personnalité et de défaut d'âme, qu'on ne peut ou ne veut s'introspecter, se dépecer, se disséquer, s'équarrir, et finir par trouver le bobo pour bien le gratter jusqu'à ce que la gale recommence à saigner. Le corps, c'est le visible, c'est l'évident, c'est l'immédiat, c'est le présent ou la présence, le concret. On ne fait appel qu’à très peu d’efforts pour se soucier de la décomposition de son corps, il est là, sous nos yeux, et puis c'est conforme à la norme publicitaire, télévisuelle, socialement acceptable, commerciale, le pot - la crème, devenir membre chez Yves Rocher, tout ça...»

«La rondeur de mon corps n’est pas la rondeur de ton corps. Nos rondeurs ne sont pas du même monde, n’évoquent pas les mêmes choses, n’appellent pas les mêmes réactions, nous opposent même dans nos désirs et notre conception du beau. Mon corps, mes rondeurs se situent plutôt dans la grivoiserie, dans un rapport à la terre, dans une bestialité même, une animalité charnelle, un quelque chose de maternelle peut-être. Ton corps a des rondeurs modernes, des formes modernes, il évoque le moderne, le futur, la science-fiction même. C’est la rondeur idéale, le beau universel et approuvé comme tel. Ton désir des autres s’y fond d’ailleurs : tu aimes le beau universel et approuvé comme tel... [...] le beau des affaires, rangé et ordonné, le beau matérialiste, dans la possession ou la possibilité de l'avoir, le beau de la symétrie. Mais par le fait même de te positionner dans cet entendu social, ce consensus, ton corps est générique dans sa perfection. Il manque de candeur, d’expressivité. C’est un corps d’exposition, derrière la vitre protectrice à tout salissement du dehors et de de l’extérieur, voire même de l’interne, de la souillure et du déchet. Tu es une beauté immaculée, une beauté "Spik n' Span", une beauté bibelot qu’on ne doit surtout pas caser, qu’on range lors des partys alcoolisés.»

«Exprimer la sexualité est une chose que tu peines à faire. C’est trop sale pour que ça puisse s’imprimer sur ta peau. Comme si la surface de ton corps est enduit d’une huile protectrice qui empêche le sperme de s’y étendre ou de s’y coller, qui empêche le sexe de s’y matérialiser, de s’y transmuer ou de s’y transposer.»

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