C'est un personnage de Kundera dans L'insoutenable légèreté de l'être que j'aime bien (peut-être parce que j'ai l'impression qu'elle me ressemble un peu). Je me suis replongée dans mes travaux d'écoles (au cas où la grève finisse, parce que mine de rien, je commence à être tannée aussi de rien faire pis je m'ennuie un peu de mes cours) et je suis tombée sur un bout de texte que le prof avait fait ressortir du livre pour illustrer la mmmm cruauté je crois de ce que Sabina pensait. Le terme est peut-être un peu fort mais bon...
Je me souviens très bien avoir fait sensiblement la même comparaison dans la même situation avec quelques variantes (c'est probablement pour ça que le passage m'a marqué). C'est sûr c'est un peu méchant sauf que parfois, le rapprochement est trop facile à faire et c'est bien malgré moi que ça arrive. Et puis, on peut pas vraiment contrôler les sensations, sentiments et les malaises que l'on a face aux autres je crois.
Enfin bref, voici l'extrait :
«En revenant de la salle de bains, elle tourna l'interrupteur. C'était la première fois qu'elle agissait ainsi. Franz aurait dû se méfier de ce geste. Il n'y fit pas attention, car pour lui la lumière n'avait aucune importance. Pendant l'amour, nous le savons, il gardait les yeux fermés.
C'est justement à cause de ces yeux fermés que Sabina éteignit la lampe. Elle ne voulait pas voir, même l'espace d'une seconde, ces paupières baissées. Les yeux, comme dit le proverbe, sont la fenêtre de l'âme. Le corps de Franz se débattant sur elle avec les yeux fermés, c'était pour elle un corps sans âme. Il ressemblait à un petit animal qui est encore aveugle et fait entendre des sons pitoyables parce qu'il a soif. Avec ses muscles magnifiques, Franz était dans le coït comme un chiot géant s'allaitant à ses seins. Et c'est vrai, il a un de ses mamelons dans la bouche, comme pour téter! L'idée qu'en bas Franz est un homme adulte mais qu'en haut c'est un nouveau-née qui tète, donc qu'elle couche avec un nouveau-née, cette idée est pour elle à la limite de l'abject.»
Et il y a aussi cette petite phrase à la toute fin du paragraphe qui est bien :
«Franz chevauchait Sabina et trahissait sa femme, Sabina chevauchait Franz et trahissait Franz.»
J'aime bien la façon qu'à l'auteur de renforcer encore plus l'image débile du type avec des mots clés (pitoyable par exemple). Ça me fait bien rire en2k. Pis je comprend très bien la réaction de Sabina face à ce genre de situation. Pas que ça me soit arriver dernièrement, mais c'est pas fantastique comme image. Je dis pas si la personne aurait les yeux fermés à l'occasion (et même que j'aurais aucune objection à formuler face à ça parce que ça permet parfois de ressentir plus intensément la volupté des sensations), mais là si d'un bout à l'autre de la relation, tu vois qq'un se débattre sur toi avec les yeux fermés sans arrêt, c'est vraiment pas génial... non?
mardi 29 mars 2005
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